24 sept. 2008

The sad story of the solitary oyster


Je ne suis pas sociable. Enfin, c'est pas vraiment ça. J'aimerai être sociable mais il me manque la technique nécessaire pour un socialisation réussie. Il y a des gens que je croise (de temps en temps à souvent), et ces gens, j'aimerai bien leur parler. Faire connaissance quoi. Etendre mon réseau de relations réduit à un moignon.

Donc je me prépare. Ca prend quelques minutes à plusieurs jours, tout dépend de mon état psychologique du moment. Il faut que je me motive, que je concentre mon chi à l'intérieur de moi et tutti quanti. Et puis je me décide (parfois; la plupart du temps, je laisse tomber-oui, je suis fataliste par moments). Je me mets à proximité de ladite personne qui a eu le privilège d'être mon élue, je respire un grand coup et là je commence par dire...


Rien.

C'est ça mon gros problème: à part le temps qu'il fait et les études, je suis totalement incapable de démarrer une conversation. C'est un blocage. Pourtant, la minute d'avant j'ai passé en Cower Flow mental tous les sujets plus ou moins dignes d'intérêt, mais je n'en n'ai retenu aucun. Mon Dieu, que dire? Par chance (ou pas, ça dépend des jours), ma qualité d'huître invisible fait que précisément je suis invisible. Personne ne me voit, je n'existe pas. Résultat, la personne ne s'est pas rendue compte du mollusque qui la convoitait. Et je repars sans le résultat escompté, mais avec mon honneur intact.


Autre scénario: ladite (ou pas) personne vient m'aborder, elle. Elle, elle connaît d'autre sujets de conversation et est donc incroyablement sûre d'elle (ou en tout cas, plus que moi). Pourquoi l'huître? Honnêtement je n'en sais rien. C'est pas pour ma beauté fulgurante, ni pour mon intelligence hors du commun ou ma brillante conversation (remonte un paragraphe plus haut pour savoir pourquoi, au cas où). Ca doit être pour... j'en sais rien en fait, passons.


Alors elle m'aborde. L'huître fait son Sudoku (ça lui permet de ne pas parler et, last but not least, ça développe la logique (enfin il paraît)), elle n'a rien remarqué.
- Heu.. excuses-moi..
L'huître relève la tête (au ralenti, comme dans les films). Son cerveau bascule lui aussi, ce qui fait qu'elle reste les yeux dans le vague pendant une à deux secondes (et ça fait con, oui). Elle (la personne) a dû se rendre compte d'un truc puisqu'elle me fixe avec perplexité.

S'ensuit alors une conversation; ou plutôt un début car je me rend compte d'une rougeur qui remonte jusqu'à la racine des cheveux. C'est horrible la timidité. Et puis je prends soudainement conscience que je suis fringuée comme un sac, que mes cheveux rebiquent (ou alors je n'ai pas eu le temps de les laver, comble de l'horreur), que j'ai des poches sous les yeux, etc. Ca me met vachement mal à l'aise. On a beau dire, l'apparence c'est important.


Et pendant toute la conversation, je me demande ce qu'elle me veut (tu as là une adepte de la théorie du complot, te voila prévenu(e)). Que caches-tu sous ton manteau? Veux-tu me poignarder? A moins que ce soit une caméra cachée? Faudra que je fasse soigner ça un jour.


Et pendant toute la conversation, je ne fais rien d'autre que retourner les questions. Et toi? est devenu mon cheval de guerre. Au final, la personne s'éloigne et, mi-contente mi-soulagée, je reprends mon Sudoku. Souvent ils abandonnent, découragés. Les plus tenaces tiennent dix minutes.


En fait, personne ne m'a demandé d'écrire ça. D'ailleurs, je ne sais pas trop pourquoi je l'ai écrit mais ça ne fait rien.


Curieusement, j'ai moins de mal à engager la conversation avec les étudiants Erasmus (chers étudiants Erasmus!). Et sur internet, je suis moins réservée. Je vais vivre en Corée ou au Japon, pays étrangers et à la population d'ordinateurs en croissance exponentielle.


A propos de la Corée, le jeune homme qui accompagne cet article est Ajoo. Pourquoi, mais pourquoi ne suis-je pas née en Corée?

Alors que faut-il en retenir? Que je suis une buse en relations sociales.

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